Hommage à maman
Manon, …. En fait à l’origine, Manon, c’était moi !
En effet Didier mon petit frère, en commençant à parler connaissait 2 mots : Maman et Non
Comment appeler cette 3ème personne que j’étais ? et bien il a ajouté les deux syllabes en prononçant Ma-non.
Lorsque j’ai attendu mon premier enfant, maman a trouvé que c’était astucieux pour un petit et qu’il n’aurait pas de mal à la nommer. Manon la légende était née.
Les enfants plus jeunes avaient l’habitude de dire que Manon, c’était la petite souris du film « la ligne verte ».D’ailleurs lors de l’hospitalisation, pour arriver à la chambre de Manon, il fallait suivre la ligne verte.
Petite souris vive, animée et immortelle qui égayait l’univers sans espoir de condamnés à mort.
On avait presque fini par y croire à l’immortalité de Manon, toujours vive, joyeuse d’un dynamisme hors norme et d’un optimisme sans faille. Je ne me souviens pas avoir vu ma mère de mauvaise humeur. En colère … pas contente… mais ça passait très vite et jamais de mauvaise humeur.
Manon c’était le symbole même de la vie, d’ailleurs elle en avait fait son métier, à une époque où il n’y avait pas « l’injection miraculeuse » qui coupe de tout, peut-être un peu trop d’ailleurs car la naissance c’est aussi une petite mort, mort d’un corps à deux pour devenir deux vies séparées, c’est normal d’y trouver une douleur, tout deuil est douloureux Elle a accompagné plusieurs milliers de naissances à Tours et la région. J’ai souvent entendu les jeunes mères dire que lorsqu’elle plongeait ses yeux dans les leurs et qu’elle posait sa main sur leur ventre torturé, la douleur s’estompait, …. Son dynamisme les reboostait elles retrouvaient le courage si précieux au moment de donner la vie.
Toute notre enfance elle nous a élevé dans un joyeux tourbillon malgré les difficultés qu’elle devait affronter seule, suites d’un mariage malheureux à 19 ans, jusqu’à la perte de son plus jeune fils, notre frère Hervé, nous persuadant que dans la vie il faut compter sur soi-même, ne jamais se décourager ,n’avoir peur de personne, et de persévérer pour y arriver.
Manon c’était le sourire, la gaité, l’originalité parfois même débordante …Il fallait faire attention à ce qu’on disait : par exemple « oh j’aimerais bien un pull comme ça ! »
Le soir même on avait 4, parce qu’on ne sait jamais…..
Nous évitions par exemple de dire qu’un lait frais de vache serait mieux que des briques de lait au risque de voir un matin une petite vache dans le jardin ( petite, car elle disait que les Jersiaises étaient bonnes laitières et jolies avec leurs yeux maquillés.)
D’ailleurs un jour qu’elle était allée au salon de l’agriculture à Paris nous avons poussé un grand ouf de soulagement en la voyant rentrer sans rien….. Seulement voilà….. Quand deux jours plus tard un livreur a sonné à la porte : « j’ai deux caisses pour Mr Mme Bergerault, je les mets où ?? Deux énormes caisses qui contenaient quelque chose qui bougeait !
Maman avait acheté les plus gros coq et poules du salon de 1979, pour que Vincent âgé de 1 an comprenne la vie en voyant vivre des poules, qui étaient plus grandes que lui !
Au passage elles n’ont jamais pondu un œuf celles là !
Manon avait l’art de transformer le moindre petit évènement en une aventure passionnante et rocambolesque. Aller faire des courses et elle revenait avec une aventure. Rien que par sa présence elle emplissait l’espace et tout devenait joyeux.
Tous les amis qui lui ont rendu visite les derniers temps me téléphonaient en me disant : « mais elle ne va pas si mal ta maman, on a passé une excellente après midi en riant et évoquant plein de bons moments. ! »
Tout au long de sa vie, très discrètement elle a aidé beaucoup de personnes en difficultés ou isolées, de nombreux témoignages le confirment.
Comment voulez-vous que des petits enfants et arrières petits enfants ne soient pas fan d’un personnage comme ça !D’autant qu’elle a partagé la vie avec nous et s’est occupée très souvent d’eux comme une mère. Artiste, peintre, comédienne…
Elle a cultivé avec nous l’art de la famille, dont elle était si fière, il n’y a rien qui n’était plus plaisant à ses yeux que de nous voir tous réunis le dimanche dans des repas animés et joyeux. On a appris à faire de grands plaisirs avec des petits riens, simplement en étant attentifs les uns aux autres.
Chaque évènement se fêtait et on essayait de n’oublier personne.
Il nous restera cette notion de partage, de gaieté et de famille.
Elle ne serait pas contente de nous voir avec nos yeux rougis et sûr elle dirait « vous n’allez pas pleurer et me faire une tête d’enterrement ! on est tous amenés à mourir, … on passe à autre chose ! champagne !
Nous allons continuer à prier, pour toi Manon mais surtout pour nous, afin que nous héritions de ta nature généreuse et optimiste.
Toute ta vie maman tu as espéré avoir un château comme dans les contes de fée, tu ne l’as jamais eu……….. mais tu n’en n’avais pas besoin : tu étais une reine.